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Marie-Mai
Son talent est indéniable. Elle a à son actif 6 albums, près de 2 millions de spectateurs en salle et en festival, une panoplie d’extraits n° 1 aux palmarès radio francophones et un nombre record de spectacles présentés au Centre Bell. L’auteure-compositrice-interprète Marie-Mai accepte d’expliquer son cheminement de femme.
L’évolution artistique de Marie-Mai s’est fait conjointement avec son évolution en tant que femme. Sortant tout droit de l’adolescence lorsque le public l’a découverte lors de sa participation à Star Académie en 2003, c’est une femme et une maman épanouie qui accepte de se confier à La Voix des Femmes.
« J’ai sorti mon premier album à l’âge de 19 ans, confirme Marie-Mai. Donc, je l’ai écrit lorsque j’avais 18 ans. Il y a des similitudes avec aujourd’hui au sens où le premier album était centré sur ce qu’une jeune femme de 18 ans peut vivre. C’était mon cheminement vers la femme. Par la suite, chaque album a été précis sur une période. Ce sont des pages de mon histoire. »
En 2018, Marie-Mai a proposé l’album « Elle et moi ». La réaction des fans est indéniable. Les critiques sont unanimes. Désormais, c’est une femme assumée qui monte sur la scène. « En ayant vécu plusieurs changements dans les dernières années, j’ai trouvé rapidement l’inspiration pour cet album. Que ce soit ma fille, ma famille, mes amis, mes convictions de femme de 34 ans, cela a teinté complètement mon album. Donc, c’est un résultat complètement vulnérable et assumé. Avant, je n’aurais pas accepté de parler de mes faiblesses. »
Plaire à tout prix
Auparavant, Marie-Mai voulait à tout prix que les gens la voient comme une femme forte. Cela a bien changé. « Pour le dernier album, j’ai eu besoin de baisser les armes et d’admettre où j’ai fait des erreurs, des fois où j’ai peut-être fait de la peine et aussi d’où j’ai appris. C’est tout ce tableau-là qui me fait dire que mon nouvel album est le plus complet que j’ai fait. »
Mère de Gisèle, âgée de 2 ans, l’artiste à qui l’on doit des succès tels COBRA et Différent, explique qu’elle a trouvé un équilibre entre son rôle de mère et celle de chanteuse. « Oui, je m’ennuie lorsque je suis loin de chez moi, mais nous réussissons à trouver un bon juste-milieu dans tout cela. Avant d’accepter d’embarquer dans un projet qui prendra beaucoup de mon temps, je me questionne sur ce que cela va représenter pour ma famille. Si ça me demandera de partir souvent. Désormais, c’est Gisèle ma priorité. Par exemple, si je pars tout le weekend, je ne veux rien avoir de la semaine pour passer du temps avec ma famille. Comme n’importe quel parent, j’ai tenté de trouver la juste ligne pour être la meilleure mère pour ma fille et pour m’accomplir dans mon travail et mes passions. »
« Pour le dernier album, j’ai eu besoin de baisser les armes et d’admettre où j’ai fait des erreurs, des fois où j’ai peut-être fait de la peine et aussi d’où j’ai appris. » Marie-Mai
Se prouver pour faire tomber le mythe
Marie-Mai est sans contredit l’une des stars les plus magnifiques au Québec. Ce constat peut être cependant à double tranchant. Si certains peuvent être en admiration devant sa beauté, elle a dû travailler d’arrache-pied pour faire tomber le mythe de l’artiste qui a fait sa place à cause de son apparence physique.
« Je ne sais pas si je dois me prouver plus parce que j’ai l’image de la chanteuse pop blonde platine. Je ne veux vraiment pas me placer dans une position de victime. Aller chercher les gens en prouvant mon travail et avec ce que j’accomplis, c’est un accélérateur pour moi. Faire cela, c’est ma plus grande fierté. »
Pour l’artiste, il est important de faire tomber les barrières et les stéréotypes. Mais, encore plus important, montrer aux générations futures ce qui est possible. « Ce n’est plus une question de femme. Autant pour les hommes et pour les enfants. Je veux montrer aux gens ce qu’il est possible de faire s’ils croient en eux. Il y aura toujours des gens pour nous sous-estimer. Pour nous trouver pas assez beaux ou pas assez bons. Pour nous trouver trop gros ou trop minces. Tant que la personne connaît ses forces, qu’elle sait où elle s’en va et qu’elle a confiance en elle, c’est ce qui compte. »
L’ambition
De dire ouvertement que les limites n’existent pas peut faire peur à certaines personnes, selon la récipiendaire de 10 prix Félix. « On se rend compte que lorsqu’une personne a beaucoup d’ambition, que ça fait peur à certains. C’est déstabilisant. Mais moi, je n’ai pas peur de mes ambitions. Ce n’est pas en mettant la barre basse que l’on fait quelque chose d’extraordinaire. Moi la barre je la mets le plus haut possible. C’est vraiment difficile de m’y rendre. Mais lorsque j’y arrive, c’est là que j’apprends. Il ne faut pas tenir les choses pour acquises. C’est important de sortir de sa zone de confort. » Marie-Mai assure qu’elle a été entourée de plusieurs femmes exceptionnelles depuis le début de sa carrière. Elle croit fermement qu’une partie d’elle a besoin de sensibilité féminine. Que cela l’aide à prendre des décisions.
« Il n’y a rien de plus beau, et je dis cela dans la façon la plus positive au monde, que de voir une femme tenir tête à des hommes. Ma gérante, Shannie Ladouceur, le fait quotidiennement. C’est elle qui parle aux producteurs, à des patrons d’entreprises, que ce soit pour des lignes capillaires, pour du maquillage. Pour moi, de voir une femme qui est tellement bien de faire ce qu’elle fait, ça me fait sentir en pleine confiance. »
« Il n’y a rien de plus beau, et je dis cela dans la façon la plus positive au monde, que de voir une femme tenir tête à des hommes. » Marie-Mai
Si Marie-Mai sait où elle compte aller avec sa carrière, elle sait également où elle ne souhaite pas se retrouver.
Je ne veux pas aller là où j’allais peut-être un peu plus souvent dans le passé. C’est la limite entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. À titre d’exemple : lorsque j’ai un horaire de fou, mais que ça me va, mais que je continue d’accepter d’ajouter des choses afin de ne pas décevoir les gens. En fait, les femmes, nous sommes ainsi. Nous ne voulons jamais décevoir.
Pour l’artiste, il est maintenant capital de s’écouter afin de ne pas s’épuiser. « Je me suis ramassée dans un point dans ma vie où je me suis réveillé après 13 ans et je me suis questionné afin de comprendre ce qui s’était passé. J’ai réalisé que je n’avais rien vu et pourtant, je croyais que j’en profitais lorsque je le vivais, mais en fait, c’était trop pour moi. C’était trop sur une longue période sans devoir sacrifier des parties de ma vie. »
Crédit photo : Patrick Beaudry, Flavien Prioreau et The Launch